Dossier artistique

Renaud Jaillette est autant vidéaste que musicien. Diplômé de l’ESAM Caen-Cherbourg en 2012, il s’attache à tresser des images complexes et sophistiquées aussi bien que des morceaux de vidéos basse qualité piochées sur internet. Cette confrontation entre différentes strates de réel s’avère d’une étonnante plasticité car leur montage relève plus du collage que de la succession classique de plans. Le tout est baigné de sonorités frénétiques et parfaitement maîtrisées.

Son univers onirique est peuplé d’une multitude de personnages évoluant dans un état second de la réalité. Une réalité qui oscille sans cesse entre violence cinglante et accalmie inquiétante. Une captation artificielle d’un temps qui semble s’étirer ou se raccourcir, chuter ou s’élever. Des ambiances parfois cauchemardesques fortement martelées par un travail du sonore : les pièces musicales des films sont également réalisées par l’artiste pour l’image qui se place en amont de la production. 

En 2009, il réalise «Physiques », une vidéo teintée de surréalisme qui mêle portraits et morceaux de corps, diffusées dans les émissions Tracks sur Arte, Mensomadaire et Le zapping sur Canal+. En 2012, il signe un court-métrage musical intitulé
Guard Dogs. Cette oeuvre spectaculaire à l’esthétique sombre s’articule comme une fable, un conte obscur où personnages fantomatiques et bêtes féroces s’affrontent. 

Son triptyque vidéo (Dragons, Normandia et Jun) réalisé en 2015 est une allégorie de la chaleur. Une chaleur parfois oppressante, parfois torride qui fait basculer les comportements humains dans le sexe et la violence. Dans un registre plus baroque, Magic (2014), met en scène le striptease langoureux d’un homme face à une mer de dauphins. Ces films furent présentés lors de nombreux festivals (Off-Courts, Bandits-Mages, Nördik Impakt, Interstice…). 

À la frontière du clip vidéo et du court-métrage, narratif et muet, sonore et visuel, le travail de Renaud Jaillette s’accapare différents codes de la publicité et du cinéma. Cet artiste s’inscrit aujourd’hui dans cette nouvelle génération de vidéastes formés dans les écoles d’art.

Mathilde Jouen – Directrice et fondatrice de la plateforme VOAR

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Jackie Phantom – Year Zero / Dirty Life / Jun

[Extrait de la chronique du clip Year Zero sur indiemusic.fr]

« Retrouvez votre âme d’enfant avec le nouveau clip décalé de Jackie Phantom ; un hommage aussi malin que perturbant à tous les vices que la jeunesse peut rencontrer, des plus inavouables aux plus précieux.

D’abord réalisateur de vidéos pour des projets que l’on ne présente plus (Elecampane, Samba de la muerte…), l’artiste caennais Renaud Jaillette nous offre aujourd’hui, sous le pseudonyme de Jackie Phantom, un court-métrage aussi revigorant que malingre. En effet, « Year Zero » semble basculer de l’enfance à l’âge adulte sans jamais dresser de pont ou toute autre forme de transition entre ces deux périodes de l’existence ; un saut dans le vide, qui convient parfaitement à la musique à la fois calme et sombre que l’homme nous donne à entendre.

Genou écorché et main bandée, le musicien joue au chat et à la souris avec un esprit frappeur bientôt rejoint par nombre de ses congénères. Tout le sens de la démarche de ce compositeur hors norme ressort des images et objets se succédant sous nos yeux, quelque part entre innocence et apprentissage ; comme si les douleurs avaient du mal à passer, sans une bonne dose de frayeur, de violence et… de sucreries. Le terrain d’affrontement, bercé par des élans rock de toute beauté, devient rapidement terrain de jeu, seul à même de dévoiler ce que les hantises de la pré-adolescence continuent à nous montrer, même lorsque nous grandissons. Et, en voyant tous ces pictogrammes au ralenti, nous ne pensons qu’une chose : finalement, faut-il forcément que nous oubliions notre jeunesse ? Jackie Phantom ne renie pas la sienne, en tout cas ; et personne ne pourra l’en blâmer, face à un tel résultat. »

Raphaël Duprez – Indiemusic – https://www.indiemusic.fr/jackie-phantom-year-zero/

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Guard Dogs

« Guard Dogs est tout aussi empreint d’onirisme. Cette fable en noir et blanc plonge le spectateur dans un univers manichéen, peuplé de personnages et de créatures monstrueuses où le héros doit se frayer un chemin et déjouer les pièges qui lui sont tendus. Intégralement conçu par l’artiste, ce projet tentaculaire s’inscrit dans une esthétique bricolée. Cette création sonore et visuelle à la croisée du film, de la musique et de l’animation témoigne de la diversité des productions de l’ésam Caen/Cherbourg. »

Audrey Illouz – Catalogue de l’exposition À suivre,  juin 2012.

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Physiques

« Le monde imaginaire et fanstasmé de Renaud Jaillette est peuplé de corps, sublimés et monstrueux, qui échangent et dialogue sur un monde ludique et sensuel »

Tiphaine Guyon – Catalogue de l’événement Transat Vidéo Fête ses 15ans,  décembre 2009.

« Les contacts physiques peuvent aussi prendre parfois les allures d’un rituel anthropophagique, notamment lorsque Renaud Jaillette ingère (et le mot est faible !) bras et jambes dans le saisissant Physiques.« 

Mensomadaire – Communiqué de presse de la chaîne Canal+, mai 2009.

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Magic

« Cette vidéo musicale met en scène un homme errant dans un paysage brumeux, quasi désertique. Le personnage se confronte à l’immensité du décor naturel. L’environnement vaste, se transforme en un tableau fantomatique dans lequel l’apparition et la disparition fusionnent. La musique est lancinante comme un chant de sirène que l’on entend aux fond des abysses. Les notes de musique s’enchainent comme un carrousel qui a déraillé, alors surgit à l’image d’autres formes de vie. »

Romuald Jandolo-Dumas – Communiqué de presse de l’exposition 7 ans de malheur, mars 2014.

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Video Triptych

Video Triptych 2013 est un projet qui regroupe trois films musicaux, Dragons, Normandia et Jun. 

À travers une recherche esthétique, rythmique et scénaristique basée sur le thème de la chaleur, chacune des vidéos se diffère des autres dans le travail d’écriture et les techniques de réalisation. En suivant une même ligne directrice, le projet mêle différentes notions qu’offre le travail de vidéaste comme l’expérimentation d’images préexistantes provenant du web, l’incrustation et les effets spéciaux, la direction d’acteur, la recherche plastique qui émerge de la création de décors, de costumes et de maquillages. 

On retrouvera aussi des concepts plus spécifiques et propres à cette oeuvre comme l’intention de tourner les rushs d’un film amateur totalement factice dont certaines failles révèleront un univers étrange et inquiétant, s’opérant dans des situations charnelles, voire érotiques, oniriques ou cauchemardesques.

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Photographed

Photographed montre différents portraits de personnes dans leur intérieur. Ici, la déformation du corps s’effectue directement sur les visages dans un jeu de disproportions. En étirant ou en gonflant délicatement les traits, un jeu entre le réel et la caricature vient troubler le spectateur.

Cette vidéo s’inscrit dans la continuité et l’univers développé avec le film Physique. Mais cette fois les personnages ne communiquent pas entre eux et inspirent la solitude. Le seul dialogue qui s’établit est celui qu’ils ont avec leur décor, à
travers les couleurs et l’espace. Leur étrange physionomie nous fixe dans une ambiance fantomatique, accentuée par une
musique rock, cafardeuse et dépressive.

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Futur / France

« Associer les notions de territoire et de temps, percevoir ce qui est déjà demain, sentir dans la normalité cette « inquiétante étrangeté » qu’est la rupture de la rationnalité rassurante du quotidien à travers une réalisation mélangeant réel et fiction, images et compositions sonores. 

Le point de départ de ce projet découle de la proposition de Renaud Jaillette du titre Futur / France avec cette idée de mettre en scène des situations d’apparence normale mais de fait en décalage avec le réel, produisant un effet prospectif. De cette idée propre à générer de courtes scènes est venue l’envie de développer un projet plus long et ambitieux basé sur des prises de vue urbaines, des mises en scène, des interventions face caméra de témoignages réels ou fictifs et de compositions sonores mixant création et captation, l’ensemble faisant ensuite l’objet d’un traitement total ou partiel spécifique. »

Luc Brou – Catalogue du festival Interstice #09,  mai 2014.

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Introït

« Introït fait sourdre en l’espace le battement de nos interrogations et peurs les mieux enfouies. Et si dans cette vidéo le temps
semble se replier inlassablements sur lui même, c’est à la musique qu’il appartient d’ouvrir un espace de respiration salvateur. »

Emeline Eudes – Catalogue de l’exposition Plans d’intervention à l’Abbaye aux Dames de Caen, février 2013.

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Black Metal Party

Ce film est le visuel accompagnant un concert-performance dans lequel des vidéos amateurs récupérées sur internet présentent les danses festives d’une salle des fêtes, d’un club ou d’un festival. La musique inadéquate se confronte et questionne dans un rapport rythmique et ludique l’exhibition de cette euphorie festive, visible sur les différentes plateformes du web.

Les paroles sont composées uniquement de titres de chansons empruntés à des groupes de black metal qui sont récités à la suite afin de priver le texte de toute cohérence. Ajouté en sous-titres, cet amas d’expressions torturées et parfois vulgaires vient frapper de sa sonorité baroque les images pixelisées d’un quotidien dansant, joyeux et basique. Le contraste s’établit avec l’intention d’offrir au spectateur une interprétation, une autre perception de cette culture musicale tout en créant un pastiche du black metal. 

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Lives

Photos de concerts-performances à l’esam de Caen/Cherbourg, Le Cargö, Frac de Normandie, Usine Utopik, 2 Angles, Fermeture Eclair…

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Clips

Les clips ci-dessous sont des propositions et créations vidéos originales réalisées pour des artistes de la région Normande.

La Faim du Tigre – Senses (2019) / El Ayacha – Either (2019) / Concrete Knives – The Lights (2018) / The Goaties – Du Whisky pour mon chien (2017) / Samba De La Muerte – YNKWIL (2016) / Elecampane – Out of control (2015)